Olivier Cantet, Moustache Bikes « Des moyens humains et financiers renforcés »
- Rédaction
- 17 juil.
- 4 min de lecture
Après avoir traversé les turbulences du marché, le fabricant vosgien de vélos à assistance électrique se remet en ordre de marche, en vue de la reprise.

Staff étoffé, financement renforcé : le fabricant vosgien de VAE repart de l’avant ! Lorsqu’il arrive aux manettes de Moustache, à l’automne 2021, Olivier Cantet découvre une entreprise en pleine accélération, atteignant même l’année suivante un niveau d’activité record, avec plus de 60 000 vélos produits. Mais une fois la bulle passée, il a fallu changer de cadence et resserrer les boulons, avec le soutien des investisseurs. Si les fondateurs, Gregory Sand et Emmanuel Antonot, restent des actionnaires de référence avec 40% du capital, Moustache Bikes est détenu depuis 2019 par le fonds LBO Capital, majoritaire, et un volant d’investisseurs. Dans cette même période, la gouvernance de l’entreprise a évolué. « En 2021, nos cofondateurs Grégory et Emmanuel ont souhaité mettre en place une nouvelle gouvernance avec une équipe de direction élargie et expérimentée, afin de se donner les moyens humains et financiers de profiter de la reprise en 2026, 2027 », explique Olivier Cantet, président directeur général. Qui compte notamment à ses côtés, Romain Berthet, DGA, chargé de l’opérationnel, Rudy Megevand, directeur R&D, chargé de la partie produits, et Cyril Pliquet, directeur commercial Europe. Une équipe « qui a fait tourner l’entreprise dans un contexte de marché particulièrement compliqué, avec des baisses de volumes, nécessitant des adaptations, de la réactivité, ce qui démontré le fort esprit de cohésion de la boîte », souligne le Pdg. En plus d’avoir consolidé le comité de direction, les actionnaires majoritaires ont réinvesti dans la société, mis en place un rééchelonnement de la dette, et introduit de nouveaux outils de financement, notamment de factor, donnant ainsi à l’entreprise les moyens de réaccélérer. « Notre activité industrielle a un fort besoin de fonds de roulement et d’investissements pour le futur. Il faut être capable d’investir aujourd’hui pour développer les produits innovants de 2027, 2028. Alors que nous sommes dans un marché qui reste difficile à anticiper, ce qui rend le pilotage de l’outil industriel plus compliqué », indique Olivier Cantet. Il fait observer que, dans la « période chaotique traversée », l’entreprise a maintenu ses équipes en place (160 collaborateurs), avec leur savoir- faire : « Nous avons gardé la capacité de produire plus de vélos avec les mêmes standards de qualité ».
Une croissance prudente

Cette année, Moustache prévoit une production de 43 000 vélos, pour un chiffre d’affaires de 92 M€, et vise 45 000 unités l’année prochaine, pour atteindre les 100 M€ de CA. « Nous restons très prudents sur les volumes et les progressions à venir, le marché est encore trop fragile », prévient le patron, qui ambitionne de remonter progressivement à 50 000 unités, « autour d’une gamme courte, simple, avec des vélos bien identifiés, de grande qualité, bien finis, à des prix accessibles. Nous sommes sur un segment de VAE premium, mais nous avons des gammes à moins de 3 000 euros. Nous sommes un fabricant généraliste en termes de produits et de prix, à la fois dans l’urbain, le trekking, le VTT sport, le gravel », assure Olivier Cantet. Moustache Bikes réalise 60% de son chiffre d’affaires dans l’Hexagone. La catégorie la plus vendue est celle des vélos polyvalents ou trekking, qui représente 45% des volumes, puis la famille des VTT sport et gravel, qui pèse 35%, et l’univers urbain, pour 20%. « Nous avons encore des marges de progression en France. Nous avons bien rebondi sur le VTT, notamment avec les nouvelles collections Game et Clutch, en complément des autres gammes. Nous avons aussi beaucoup à faire dans l’univers urbain, notamment dans le cargo, avec le Lundi 20, où nous sommes encore un tout petit acteur », expose le patron. La marque s’appuie sur un réseau de 350 revendeurs partenaires. « Nous avons besoin d’une distribution spécialisée, qui soit capable de conseiller le client, de lui faire essayer nos produits, et par la suite d’assurer un bon suivi en entretien », ajoute-t-il.
Le « Made in Vosges »

Moustache a poussé loin l’expérience d’un vélo produit en France, à l’exception du moteur, « avec un bilan mitigé », confie Olivier Cantet. « Depuis trois ans, nous avons augmenté le nombre d’opérations réalisées sur notre site de Thaon-les-Vosges. Nous avons nos lignes de fabrication de roues et nous nous posons la question de la peinture d’ici deux à trois ans ». Mais là où le fabricant a le plus de difficulté, c’est pour trouver des composants produits en France, compétitifs en qualité, en prix et en technologie, dans un marché qui serre les prix. « La contrainte en termes de tarifs est extrêmement forte, ce qui ne facilite pas le sourcing local. Notre priorité, c’est de fabriquer plus de vélos dans les Vosges en intégrant plus d’opérations. » Quant aux systèmes de motorisation, ils proviennent essentiellement de chez Bosch, son équipementier historique. Avec une exception, l’ensemble moteur- boîte Pinion MGU, « une technologie que ne propose pas Bosch », qui équipe la gamme VTT Clutch. Mais on reste dans le made in Germany. « En effet, nous n’avons que des motorisations allemandes. Il est vrai que nous entretenons une relation de longue date avec Bosch et que la qualité de son service est appréciée des détaillants pour l’entretien et la réparation. Cela compte dans la relation commerciale ». Un argument d’autant plus convaincant auprès des revendeurs allemands. « Je pense que c’est un atout majeur pour nous. C’est un point extrêmement rassurant pour les détaillants allemands, qui ont confiance et l’habitude de travailler avec Bosch ou Pinion. Nous serions une marque française, avec un moteur français, je pense honnêtement que cela serait plus compliqué pour vendre outre-Rhin », estime Olivier Cantet. Car l’Allemagne, et plus largement la zone DACH, est le premier marché de la marque à l’international, devant le Benelux. « L’international est clairement un axe de croissance. Nous avons aussi une présence en Espagne, au Royaume-Uni et en Italie », ajoute le Pdg. Avec le soutien de ses actionnaires, Moustache Bikes s’est doté de moyens humains et financiers « renforcés » pour continuer à « faire grandir l’entreprise » et soutenir les projets et opportunités de développement. Sous l’œil attentif des deux cofondateurs, au sein du conseil de surveillance. // EG
Comments