Président de l’Apic et membre du bureau de l’USC, l’entrepreneur Patrick Guinard, patron de la société Vélox, a été nommé en mai dernier président de la filière économique France Vélo. Il livre à Outdoor Experts Vélo la vision que porte l'association sur le développement économique de la filière vélo.
Apic, France Vélo, pouvez-vous nous expliquer le lien et le rôle de ces deux entités que vous présidez ?
Il faut distinguer l’Apic, l’association de promotion et d’identification des cycles, et France Vélo, l’association qui regroupe les acteurs économiques du vélo. Il s’agit de deux entités différentes, même si France Vélo est administrativement hébergée à l’Apic parce qu’il fallait s’appuyer sur une structure existante. L’objectif à terme est évidemment que France Vélo puisse avoir sa propre structure.
Qui sont les membres de France Vélo ?
France Vélo rassemble les syndicats et associations qui représentent l’économie du vélo en France. L’objectif est de porter une vision commune et de lancer des actions au service du développement des différentes activités représentées. La différence avec d’autres filières industrielles, c’est que l’association accueille, en plus des industriels, l’ensemble des acteurs qui œuvrent au développement économique du vélo.
Il y a six membres fondateurs : l’Union Sport & Cycle (USC), Vélo & Territoires, France Vélo Tourisme, la FUB, le Club des villes et territoires cyclables et l’Apic. Aujourd’hui d’autres associations nous ont rejoint, comme l’AF3V, la FAVE, AAVP, les Moniteurs cyclistes français (MCF), les Boîtes à Vélo, les Artisans du cycle, ainsi que les trois clusters régionaux Cygo, sur le Grand Ouest, Cara, en Auvergne Rhône-Alpes, et Vélo Vallée en Occitanie.
Avez-vous déjà perçu un changement dans le regard que portent les instances publiques sur le vélo ?
Je crois en la force du collectif pour porter la voix du vélo auprès des plus hautes instances. On vient quand même d’obtenir, grâce au collectif, cet appel à projets de 55 millions d’euros, qui n’était pas gagné il y a encore un mois ! Nous nous sommes battus ensemble. Si l’USC était montée seule au créneau, nous n’aurions rien obtenu. France Vélo ne s’inscrit pas dans la défense des intérêts d’une seule corporation, mais dans la promotion de toute une filière. Le fait de représenter un ensemble d’acteurs, fait que l’Etat nous regarde différemment.
Quels sont les projets portés par l’association ?
Le premier point, qui est en cours, c’est de faire signer un contrat de filière à l’Etat. Ce contrat de filière comporte 22 projets dont 16 prioritaires sur l’industrie, la formation, le vélo tourisme, les labels, les infrastructures, etc. Nous sommes en train de faire signer ce contrat aux six ministres concernés, le plus vite possible. Parmi les projets, nous avons présenté aux Pro-Days deux labels : le Cyclescore et l’Indice France Vélo. Il s’agit de deux projets distincts dont l’objectif est de renforcer l’information du consommateur.
Le premier, Cyclescore, porte sur l’empreinte écologique et sociétale du vélo. C’est un projet soutenu financièrement par l’Ademe et accompagné par l’Afnor, qui vise à mettre en avant les vélos qui sont fabriqués dans le respect de l’environnement et des personnes qui les produisent.
Le second, l’Indice France Vélo, vise à valoriser la production française, complète ou partielle, d’un cycle, en prenant en compte les critères de base : la conception, le lieu d’assemblage, la peinture, la part des composants produits en France. Un barème permet de mettre une note sur cinq. Il s’agit avec cet indice, qui est évolutif, d’inciter les entreprises qui revendique le made in France, à entrer dans démarche volontaire d’amélioration progressive.
A côté de la production de vélos neufs, quel regard portez-vous sur la seconde main et le reconditionnement des vélos et VAE ?
Il y a des modes de consommation qui sont en train de changer au niveau de la population et je pense que, là aussi, nous devons accompagner intelligemment ces évolutions. L’identification des vélos, réalisée par l’Apic, ouvre de nouvelles perspectives. Je pense, par exemple, à un carnet d’entretien du vélo. Cela permettrait de suivre les vélos et de pouvoir les valoriser au moment de la revente en établissant une cote, afin d’offrir plus de transparence à l’acquéreur.
Le réparation va prendre encore plus d’ampleur. Déjà, Il y a un fonds de réparation qui est en train d’être mis en place par l’intermédiaire de la filière REP, dont l’USC est membre, pour encourager les usagers à faire réparer leurs vélos. Il y a dans l’entretien et la réparation, un vrai enjeu pour les magasins, d’autant que les vélos deviennent de plus en plus complexes. A une époque, changer les patins de freins était facile, aujourd’hui, changer les plaquettes sur des freins à disques est déjà plus compliqué. Cela est encore plus vrai pour les VAE. Et puis la population des cyclistes change avec l’arrivée de néo-pratiquants ou néo-usagers, hommes et femmes, qui ne sont pas forcément bricoleurs. Il y a un vrai business à développer autour du service. //EG
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